mardi 1 novembre 2016

Le castelet à deux étages


La mairie d'une petite commune est le modèle réduit d'autres niveaux de pouvoir dont on se prend à imaginer la dureté, agglomération, communauté de communes, département, région, pays.
Les rôles y sont distribués au gré des personnalités, des ressentis, des vieux contentieux, des animosités. Le casting avait été hasardeux, faussé par la difficulté de recruter des volontaires.
Tant que les sujets à traiter étaient du niveau du chien écrasé, tout allait bien, le traintrain quotidien sied à la majorité des élus de base. Autour de la table du conseil, dépeuplée au fil des mois par ceux et celles qui n'y trouvaient plus le plaisir de curiosité du début, les rescapés expédiaient les sujets et lorgnaient leur montre.
Mais qu'advienne un sujet de discorde, de ceux qui débordent les murs de la mairie, intéressent les habitants et les potentats politiques des strates supérieures, tout change! Les petits clans se forment, s'ameutent, s'excitent. L'entente passée s'avère artificielle et fragile. De bonne foi, sinon de bonne conscience, un ou deux petits Napoléons ruraux s'inventent des certitudes et vont rechercher les disparus, d'autant plus malléables qu'ils n'y comprennent rien à un sujet pour lequel ils n'ont participé, ni à la genèse, ni à la progression.
Une décision des plus farfelues peut naitre de ces mouvements incontrôlés et incontrôlables car, un semblant de psychologie, suffit à son détenteur pour influencer des esprits faibles, trop heureux d'en remontrer à la gouvernance ancienne, rassurés par la masse et le secret des bulletins de vote.
Dans l'ombre, Iznogoud s'agite, se dépense sans compter, commence à lorgner sur le siège convoité, celui du maire. Dans son sillage, les comparses lorgnent sur des sièges subalternes, ceux des adjoints qui, pour leur malheur, garderaient une once de fidélité.
Un scénariste de talent trouverait matière, dans ce microcosme rural, à la mise en prose ou en vers d'un psychodrame de bas étage. Tous les acteurs sont là! Le traitre, les figurants, les faux amis, les faux compatissants, les petits chefs de petits clans. Aucun diplôme, aucune intelligence, aucun vécu, aucune culture ne sont nécessaires à la démesure des nouveaux rôles que chacun se distribue. 
Des alliances contre nature se nouent, éphémères certes mais qui perdureront, au plus, jusqu'à la perte annoncée de l'ennemi désigné par le marionnettiste. Les marionnettes, quant à elles, sont inconscientes et béâtes. Elles s'imaginent maîtresses de ces nouveaux gestes dont elles tirent vanité, sans sentir les ficelles qui les agitent. C'est amusant et nauséabond à la fois!
Le pire est que le meneur de jeu, le marionnettiste rural est lui même la marionnette d'un autre tireur de ficelles, d'un échelon supérieur. Le castelet est à plusieurs étages. C'est hallucinant! 
Hallucinant et tellement triste!


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