lundi 23 avril 2012

Le bateau ivre

Nous allons mettre à l'Elysée un nouveau locataire, pour quelques années. Il épuisera rapidement le capital confiance que nous allons, par la même occasion, lui accorder. Alors, lassés par la pérennité de la crise et l'inefficacité des gouvernements mis en place, nous attendrons les élections suivantes pour renouveler ce processus stérile. Et ainsi de suite. C'est ce qu'on appelle la démocratie.
Aucun de ces hommes, ou femmes, n'est capable de contrôler le bâteau ivre sur lequel navigue notre petite nation. Pourtant, nous faisons semblant de croire qu'il en est de meilleurs que d'autres. Nous les écoutons débiter leurs couplets. Nous les jugeons à l'aune de leur habileté déclamatoire. Leurs colères nous amusent, leur art nous captive. Nous guettons leurs faux pas, leurs mensonges. Nous sommes spectateurs de leurs pantomines. Certains ont échoué, au premier tri, car ils ont été pris la main dans la culotte d'une soubrette. D'autres étaient, carrément, des erreurs de casting, lunettes comprises!
Tout se passe comme si, après que la vigie du Titanic eut aperçu l'iceberg, les passagers s'étaient réunis dans la grande salle de spectacle pour élire, à juste raison, un nouveau commandant. Quelques ambitieux se présentant en déclamant des vers de Virgile, en interprêtant Feydeau ou en jouant de la clarinette, pour ne pas dire du pipeau, auraient sollicité les suffrages des présents. L'élu, acclamé par la foule se serait ensuite enquis de l'emplacement des chaloupes, réservées par les plus riches, pour y embarquer quelques bagages. Dans le même temps, les soutiers, réunis en conclave dans 20cm d'eau, auraient voté la grève.
Les commandants précédents nous ont conduits droit sur l'iceberg, à bord de notre navire insubmersible, en augmentant la vitesse pour battre le record de la traversée. En essayant de l'éviter, au tout dernier moment, ils lui ont présenté la partie la plus fragile, notre flanc, que  la partie immergée de la finance a largement entaillé. Les suivants n'ont plus qu'à compter les chaloupes. Elles ne sont pas assez nombreuses!
Vous l'avez compris, je ne suis pas d'un optimisme béat sur les suites de ces élections.

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