vendredi 3 décembre 2010

La part du magique et du sacré dans les pouvoirs modernes

J'ai cru longtemps que le petit père Combes avait réussi à ranger, dans l'armoire des vieux outils politiques, l'association diabolique du pouvoir étatique et du pouvoir clérical. Le 9 décembre 1905, une loi a mis fin ,en effet, à ce mariage contre nature. L'animal n'est pourtant pas encore mort et montre par des soubresauts inquiétants qu'il pourrait bien renaître de ses cendres.

L'existence du phénomène remonte à la nuit des temps. De grands intellectuels ont démontré que la pérennité des dynasties régnantes s"appuya, de longue date, sur l'onction religieuse. Pour eux, l'émergence d'une nouvelle lignée monarchique plonge d'abord ses racines dans des actions de force, des intrigues, des meurtres, des rituels barbares qui jalonnent une période dite de pouvoir "magique". Puis, les nouveaux venus tentent de pérenniser leur présence par le recours à d'autres outils. Ils essaient ainsi d'associer leur règne, et par la suite leur dynastie, à une période dite de pouvoir "sacré". Ils quémandent l'adhésion des prêtres, se plient à d'autres rituels, sensés sacraliser leur main mise sur l'Etat, à la rendre incontournable.
Toute lignée dynastique peut être analysée au travers de cette dualité du magique et du sacré. prenons quelques exemple:
Vers 481, Clovis hérite d'un petit royaume franc correspondant sans doute à la région de Tournai, en Belgique. Par un raccourci de pensée qui, je l'avoue, est assez osé, on pourrait admettre que la période précédant son baptême, faite de meurtres et de batailles, est assimilable à la période "magique" décrite ci-dessus. Puis, Clovis s'appuiera sur les évêques et leur église pour assoir sa dynastie. Grâce à cette association religieuse, les mérovingiens règneront jusqu'à l'avènement de Pépin le Bref, en 751.
Observons justement la dualité "Magie/Sacré" pour la dynastie carolingienne. A partir du moment où la dynastie mérovingienne commence à vaciller, les fameux maires du palais, prennent peu à peu le pouvoir mais, sans oser prendre la place des rois dits "fainéants", protégés par leur statut d'héritiers sacrés de leur ancêtre. La longue période d'intrigues qui précède la changement de dynastie peut être assimilée à l'ère "magique" de la nouvelle dynastie. Les maires du palais sont conscients, pendant un certain temps, de la légitimité de leurs rois successifs. Bizarrement, le caractère sacré de cette royauté franque est lié, en plus, à la longue chevelure des souverains. C'est la raison pour laquelle, dans une première tentative de désacralisation de la descendance mérovingienne, Grimoald, en 656, fait tondre le jeune Dagobert et tente d'imposer son fils Childebert. Cette tentative échoue et Dagobert II reprend le pouvoir.
Charles Martel illustre parfaitement l'aspect magique d'une prise de pouvoir par ses victoires successives sur les ennemis du royaume. On se souvient du coup porté aux arabes, à Poitiers. Pourtant il n'ose pas imposer sa famille sur le trône, même de 737 à 743, période sans roi. Il faut attendre 751 pour voir Pépin, son fils, prendre le titre de roi. Pour légitimer cette usurpation, il obtient l'accord du pape Zacharie entrant ainsi de plain-pied dans la période "sacrée" des carolingiens.
En ce qui concerne les capétiens, c'est un peu plus complexe. Issus de la lignée des robertiens, par Robert le Fort, leur période magique s'étale sur un siècle. Elle est marquée par la puissance toute militaire des marquis, puis des ducs de la lignée. La couronne leur échoit lorsque les héritiers carolingiens sont trop jeunes, trop faibles, trop discrédités par leurs actions.  Ainsi, en 888, le fils de Robert le Fort, Eudes, est choisi par les grands du royaume. La couronne, selon la volonté même d'Eudes, est rendue à Charles le Simple, à sa mort, en 898. Un autre fils de Robert le Fort, Robert, la reprend en 922. Son gendre, Raoul, coiffe la couronne de 923 à 936. Puis elle revient chez les carolingiens jusqu'en 987. Cette période est dons marquée par une série d'usurpations temporaires, la lignée sacrée étant bien celle des carolingiens.
Il faut attendre 987 pour que Hugues Capet, roi guerrier, roi magicien, inaugure une lignée sacrée. Il s'empresse de se faire sacrer à Noyon ,obtient de l'archevêque de Reims l'élévation de son fils Robert au rang d'héritier du trône. Sa dynastie règnera neuf siècles.
En 1793, les révolutionnaires coupent la tête d'un roi désacralisé par la constitution du 3 septembre 1791. Il n'était plus roi par la grâce de Dieu mais roi des français.

De nos jours, le pape ne fait plus les rois. Il règne sur un territoire de 0,44 km² et sur une population de 900 habitants. 

Sommes nous dans une période magique ou dans une période sacrée? 
Au parti socialiste, 
nous sommes 
en période magique. 
Les intrigues vont bon train, les guerres sont fratricides ou matricides. 
Aucune légitimité
ne se dégage. Dominique d'Outremer pourrait tirer les marrons du feu.
A l'UMP, le roi surveille ses vassaux.
Le maire du palais est très puissant et on pourrait connaître une sorte
d'usurpation du pouvoir en 2012. 
Le dauphin ne fait pas l'unanimité, duc de l'E.P.A.D., par la grâce de son
père, il pourrait pâtir de la chute de la dynastie. 
Le pape a été approché mais, on ne retrouve pas la sainte ampoule.
                                                                        Le peuple gronde .....                                                                                                      

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