vendredi 14 mai 2010

Le principe de précaution

Le principe de précaution est le pari de Pascal étendu à toutes les incertitudes de ce monde. Si je l'applique constamment, je ne monte plus en avion, en bateau, en train, en voiture, je ne fais plus l'amour, je ne traverse plus la rue, je ne bois plus, je ne mange plus, je vis à la cave avec une citerne d'eau minérale après avoir calfeutré tous les orifices et tapissé les murs de matelas.

C'est un ramollissement de la pensée humaine, une systématisation du réflexe de non choix appliqué aux phénomènes dangereux et érigé en règle pratique. Il fut une époque où les tenants du pouvoir devaient se mouiller, choisir une option, décider. Aujourd'hui, il suffit de ranger un problème dans le cadre dit du "principe de précaution" et d'y consacrer quelques millions d'Euros, sinon milliards, pour contourner l'exercice.

L’Eyjafjallajokull pète un coup en Islande. Aussitôt, on consulte les ordinateurs, on leur fait cracher des itinéraires possibles, des probabilités, des hypothèses. Nul besoin de vérifier, in situ, les données virtuelles! On déclenche une crise planétaires, on bloque des millions de voyageurs, on dépense des millions de dollars. Les constructeurs aéronautiques indiquent que les concentrations probables de cendres, à plus de 100 km du volcan, seront inférieures de vingt fois aux seuils tolérables par les moteurs! Tant pis, on ne sait jamais, on arrête tout!

Je passe sur la grippe A, modèle du genre! Roselyne se réveille encore en sueur, certaines nuits, en pensant aux milliards dépensés. Les français se serreront la ceinture un peu plus, dans les années qui viennent, pour éponger cette ânerie mais, elle ne sera pas, comme Fabius, ennuyée par la justice! Car, il s’agit bien de cela! On puise largement dans l’escarcelle publique, drapé dans le drapeau du principe de précaution, bien pratique en l’occurrence, surtout quand le danger s’avère illusoire. (Voir en fin de billet une amusante lettre écrite par la fille d'un homme ayant reçu sa convocation "vaccination" alors qu'il était décédé!)

Combien d'années encore, les pays occidentaux en crise, pourront ils se payer ces assurances tous risques? Faudra-t'il se serrer la ceinture d'un cran supplémentaire quand l'Etat voudra racheter toutes les maisons inondées de France et de Navarre? Car, ne nous y trompons pas, Xynthia a frappé en Vendée et dans les Charentes mais ce n'est là que pur hasard, d'autres régions auraient pu être découpées par nos braves préfets avec la même rigueur. Quand achèterons nous les villages, situés près de torrents imprévisibles, pour les raser? Quand achèterons nous les maisons situés près des sites industriels dangereux, dans les virages où un camion pourrait se renverser?

Construirons nous des passerelles au dessus de tous les boulevards, les routes nationales? Réduirons nous la vitesse sur autoroute à 50 km/h?

Non car, de toute évidence, le principe de précaution est mort! Il est mort en ce mois de mai 2010 et personne ne le sait encore! Il a été entrainé dans la tombe par l'implosion de la bulle des économies nationales. Dans cette incroyable période de rigueur que nous allons vivre maintenant, il ne sera plus possible d'emprunter, puis d'emprunter, puis d'emprunter encore, pour niveler les risques hypothétiques. Confrontés à la triviale réalité, les gouvernants seront trop occupés à colmater les brèches avérées, à endiguer les révoltes, à organiser les disettes, pour occuper le terrain de l'aléatoire. La maison brule et ce n'est plus le moment d'aller consolider la cabane de jardin! Le tsunami arrive et nous submergera tous! Apprenez à nager, c'est le meilleur investissement possible car les riches, dans leurs yachts, passeront sans vous jeter un regard! La rigueur, appliquée à un salaire de ministre, ne l'empêche pas de manger, mais le smicard, lui, devra se passer de sucre dans son lait écrémé!

Et la burka dans tout ça?
Ah oui, c'est vrai, la burka!
Et bien, donnez là aux gouvernants, pour qu'ils s'en voilent la face!

Madame la Ministre et chère madame,

Je viens de recevoir le bon de vaccination contre la grippe A/H1N1 et je suis au regret de vous faire savoir que je ne me rendrai pas au centre de vaccination qui m'est indiqué et que je ne me ferai pas vacciner.
Ne voyez aucune animosité dans cette démarche, je n'ai rien contre la campagne de vaccination que vous avez engagée, je n'ai aucune opinion sur la dangerosité du produit inoculé et je ne cherche pas à manifester une quelconque opposition au gouvernement en place.
Tout au contraire, j'aurais bien voulu pouvoir vous aider à résorber les excédents de vaccins mais, malgré ma bonne volonté à votre égard, il m'est impossible de me déplacer, donc de me faire vacciner sauf, si vous avez l'intention de faire des campagnes dans les cimetières, jardins du souvenir et autres lieux de mémoire car, je peux vous assurer que je suis bel et bien décédé.
Cet état définitif n'est pas récent et je ne comprends pas que mon nom figure sur des listes actives alors que je ne le suis plus depuis bientôt six ans.
Je tenais à vous faire part de cette anomalie qui n'est surement pas isolée. Elle vous aidera sans doute à mieux comprendre l'estimation des 90 millions de doses initialement prévues et, peut-être, pourrez-vous décider les Autorité Sanitaires à remettre à jour leurs fichiers plus que caduques en prévision de la prochaine pandémie.
Sur l'enveloppe à en-tête de la république Française figure le logo: "Stop aux virus de la grippe". Comme le pluriel est utilisé, je me permets de vous suggérer d'y adjoindre celui qui m'a fait passer de vie à trépas et tous les nosocomiaux qui font plus de ravages que la grippe, toutes catégories confondues. Enfin, puisque de là où je suis je peux me permettre une vision d'ensemble, je vous recommande de lancer, sans tarder, un immense programme de recherche contre un virus extrêmement virulent qui ne tardera pas à enterrer le pays tout entier si l'on n'y prend garde, celui de l'incomptétence!!!
Pour Louis O....., décédé le 5 juin 2004
Sa fille Lucie A......






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