vendredi 23 octobre 2009

Les allées du pouvoir luisent de la bave des courtisans

**
Auctoris Anagramma

Ioannes Bedæus. Ei Deus annos bea...

Ei, magne, poli potentis aulæ
Deus, qui rutilis micas icellis,
Annos, deprecor, oro, geƒtioque
Bea, queis lepidum regis Bedæum


Elias Elyƒius Picto fecit.

Sire,

L’histoire naturelle nous apprend que les abeilles paraissent, à leur commencement, comme un petit ver blanc, sauf celui qui doit être « Roi », lequel nait avec ses ailes, et est de couleur jaune, parce qu’il est formé des plus exquises fleurs.
Si le Monarque de l’Univers à donné tel privilège au Roi de si petits animaux, que doit on croire de celui qu’il a établi pour commander aux hommes, qu’il a honoré du titre de Très-Chrétien ?
Laquelle créance, Sire, pour confirmer les cœurs de vos sujets et détruire l’opinion des docteurs de mensonge qui, faussement soutiennent, que la puissance royale n’est point absolue et qu’elle est d’invention humaine.
J’ai osé dresser ce petit discours et le présenter à Votre Majesté, afin que par sa lecture, ils apprennent à ne plus blasphémer contre les puissances établies de Dieu seul, et qu’ils sachent que ce n’est point l’ancienneté et la grandeur de votre maison, la noblesse des princes auxquels votre majesté commande, la prudence de vos cours souveraines, l’ordre ecclésiastique, l’étendue de vos provinces, la force de vos places, l’affection de vos peuples, la fidélité des alliés de votre couronne, l’expérience de vos capitaines, la valeur de votre noblesse, les foudres de votre arsenal, le grand fonds de vos finances, qui soutiennent votre Couronne. Mais ce divin caractère gravé du doigt de Dieu en la face du Roi lequel, siégeant sur le trône, dissipe tout mal par son regard.
Vous ayant, Sire, dès cet âge tendre, donné des ailes pour voler au dessus des peuples, qu’il a laissés rampants comme vers de terre au prix du rang qu’il donne à votre majesté de laquelle, comme Très Chrétienne, tout bon français, par le joug imposé de Dieu à sa propre conscience, se reconnaît obligé de faire vœu tel que je fais, de demeurer pour jamais, sans dispense d’un tel devoir.

Sire,

Votre humble, très obéissant et très fidèle sujet et serviteur

Jehan Bédé de la Gourmandière

Nous sommes en l'an de grâce MDCXI (1611). Henri IV a rencontré l'année précédente un nommé François Ravaillac avec qui, il a taillé une bavette, la sienne. C'est donc à Louis XIII qu'est adressée la chose.

*
*
En changeant quelques mots, vous comprendrez bien vite qu'on pourrait rejouer cette petite comédie dans les coulisses de notre actuel pouvoir.
Nous autres, petits rats d'égout, vers, sans lueurs, sous le ras des pâquerettes, téléphages consommateurs des jeux du cirque médiatique, devrions enfin comprendre qu'il est des lieux où les ailes n'ont pas besoin de pousser sur le dos des enfants rois. Elles y sont de naissance.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Mon bon Zabulle, il me semble que MDCII est en chiffres arabes 1602 et non 1611 qui s'écrit, me semble-t-il, MDCXI ... ceci n'enlève rien à la pertinence de tes propos !
une fidèle lectrice mancelle (pauvre petite cerise de rien du tout)

Pages suivantes

Pour continuer la lecture vers d'autres billets plus anciens, cliquez sur le lien ci-dessus, à droite.