mercredi 29 octobre 2008

La titrisation

Dans le supplément "Economie" du Monde du 28 octobre 2008, on peut lire que l'une des réformes envisageables pour mettre fin à la crise actuelle pourrait être "d'encadrer les agences de notation".
Payées par les structures financières qui sollicitaient leurs avis, elles ne pouvaient être que juges et partis dans ce douteux jeu de piste, organisé dans le marigot des créances douteuses, infesté de portefeuilles en peau de crocodile. Dans ces mangroves peuplées de crabes, elles ont égaré des populations entières d'investisseurs. Dans les vases nauséabondes des subprimes et autres titrisations, elles ont contribué au compostage de milliards de dollars.
Aujourd'hui, elles dégradent par centaines les produits qu'elles conseillaient avant la crise. Elles sont devenues les ridicules pythies d'un avenir déja passé.
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Parodiant Louis Jouvet avec son "bizarre, moi j'ai dit bizarre?", j'ajouterai "titrisation, moi j'ai dit titrisation?". C'est quoi ce truc? Bon, j'explique:
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Vous étes banquier. Vous avez prêté quelques millions de dollars à des individus ou à des organismes aussi douteux que les créances qui en découlent. Vous suivez?
Si vous vous tournez vers vos clients solvables et que vous leur dites: "Dites moi mon bon, j'ai là quelques créances vachement risquées qui m'empêchent de pioncer, ça vous dirait de me les racheter?". Le bras d'honneur est garanti!
Mais si vous créez une filiale chargée de vendre des titres financiers nébuleux, cotés en bourse, conseillés par les agences déja nommées, et réputés risqués mais alléchants dans leur rendement, vous récupérez les capitaux de ces mêmes clients, ceux du bras d'honneur. Votre filiale vous remet ces capitaux en échange des créances douteuses, dont elle devient gérante.
Ainsi, vous avez atomisé vos créances douteuses en milliers d'obligations. Vous vous en étes débarrassé par un tour de passe-passe dont seul un banquier est capable. A leur place vous avez de bons gros dollars. Les créances douteuses appartiennent désormais aux particuliers qui ont placé leur argent dans votre filiale.
Si les créances s'avèrent moins douteuses que prévu, votre filiale rembourse les investisseurs sinon, sinon, sinon, ben on appelle ça des subprimes!
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La titrisation c'est ça.
Tristisation serait plus approprié comme terme, non?
Et je suis poli!

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