dimanche 23 septembre 2007

Nos vieux livres d'histoire


Il m'a fallu attendre un âge avancé pour comprendre à quel point j'avais été manipulé, sur les bancs de l'école, par nos instituteurs et professeurs d'histoire.

Comprendre qu'il eut fallu lire toutes les biographies de rois, de héros, de salauds, comme des historiettes arrangées par les éditeurs pour édifier la jeunesse dans le sens de leur idéologie.

Nos livres d'histoire étaient, selon le lieu de leur utilisation, des livres d'éducation civique ou des livres d'éducation religieuse.

Et si nous n'avions pas bien compris le message on nous distribuait des prix d'excellence tout aussi orientés.

Quelques exemples simples:

Pour les manuels publics, les révolutionnaires de 1789 étaient des anges laïcs, dont on évitait de dire qu'ils avaient assassiné des milliers de français avant de s'égorger entre eux. Pour les manuels catholiques ce n'étaient que d'affreux sanguinaires.

Pour les écoles religieuses, la Sainte Inquisition n'était qu'une bluette et les prélats avaient la larme à l'oeil en regardant bruler les juifs, les savants, les sorciers. Les écoles publiques s'attardaient quant à elles sur les papes de type Borgia et, si elles ne pouvaient passer Saint Louis sous silence, traitaient les rois sous leur aspect tyrannique ou libidineux.

De toute façon, si vous relisez vos vieux manuels, vous verrez qu'ils ne servaient, à travers toute une théorie de héros successifs, qu'à justifier les idéologies de droite ou de gauche de leurs commanditaires.

Que tirer comme conclusion de ce constat?

Qu'il faut se méfier de tous les Panthéons, que tous les héros cités, Du Guesclin, Hoche, Carnot, Jeanne d'Arc,..... Foch, Joffre seraient très étonnés du roman fabriqué autour de leur personne.

Que l'histoire connut plus d'égorgeurs que de héros, plus de traitres que de gentilhommes, plus de violeurs que de romantiques.

Qu'une histoire se fabrique sous nos yeux qu'il sera plus difficile de trafiquer car elle laisse plus de traces médiatiques.

Que nous autres, pauvres pantins désarticulés, aurons bien du mal à nous dépêtrer de nos ficelles.

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En passant, je ne peux que vous conseiller de rechercher les oeuvres écrites de Christian Amalvi, professeur d'histoire à l'université de Montpellier et notamment " De l'art et la manière d'accommoder les héros de l'histoire de France (Albin Michel).

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